Des profiteroles au chocolat

Arriva le moment du dessert. J’étais le dernier à commander.
En un éclair je choisis les profiteroles au chocolat.
Je n’eus pas besoin de me racler la gorge, ma voix ne trembla pas.
Au contraire, elle fut claire et distincte.
Le garçon prit note, et s’éloigna de la table.
S’ensuivit un léger silence. Ils m’observaient mais je ne les voyais pas.
J’étais satisfait de mon choix.
Je piaffais d’impatience de voir arriver ce met qui semblait m’avoir été imposé par une volonté supérieure.
Et un petit sourire au coin des lèvres traduisait mon désir.

Lorsqu’arriva mon dessert, mon voisin d’en face, et jusqu’ici ami le plus cher le dévora des yeux.
Il semblait regretter d’avoir commandé une salade de fruit, pourtant fort appétissante, mais manquant d’excès.
Peut-être manquait-elle de désir aussi. Le mien en débordait.
Je prenais ma cuillère avec délicatesse, coulissais sur la chantilly
Pour cueillir un morceau de profiteroles baignant dans le chocolat noir fondu.
Mes gestes étaient doux, caressant le dessert pour le porter à ma bouche.
J’étais dans un ailleurs, suspendu dans le temps et l’espace.
Je dégustais l’éternité du moment présent.
Ma vision et mon ouïe étaient floues, mes yeux pétillaient,
Mes papilles vibraient à mesure de l’explosion du goût jusqu’à l’engloutissement.

Le silence régnait à table, un silence religieux, ébahi de mes compagnons d’assister à ce spectacle.
Ils me regardaient jouir.
L’intensité de mon désir était tellement forte que je le leur avais transmise.
Leur dessert leur paraissant fade, ils voulaient tous du mien.
Seul Stéphane jubilait : Il attendait de me voir finir pour commencer  …

Ses profiteroles au chocolat !


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